samedi 7 mars 2015

Dessiner le Prophète ou pas ?

Enfin quelqu'un qui ne pense pas par gros blocs sur ce sujet, Benoît Hamon, député, ex-ministre de l'Education Nationale, interviewé dans Mediapart le 25 février (extrait) :
"Comme ministre de l’éducation, j’avais rappelé qu’un professeur d’arts plastiques ne serait pas dans son rôle s’il proposait une leçon de dessin sur la base d’une caricature de Mahomet. Et cela en vertu d’une circulaire datant de Jules Ferry, en 1883 : « Vous êtes l'auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille ; parlez donc à son enfant comme vous voudriez que l'on parlât au vôtre ; avec force et autorité, toutes les fois qu'il s'agit d'une vérité incontestée, d'un précepte de la morale commune ; avec la plus grande réserve, dès que vous risquez d'effleurer un sentiment religieux dont vous n'êtes pas juge. »
La Suite :

En clair, si je choisis comme modèle le prophète Mahomet alors que ça va heurter et fermer un seul de mes élèves, je rate ma mission de transmission d’un savoir. En revanche, il faut enseigner le rôle du caricaturiste et du journaliste et combien leur place est importante dans une société qui reconnaît la liberté d’expression et le droit de blasphème. C’est ce que font les professeurs tous les jours, et on ne doit en rien négocier la vérité historique dans un cours sur la Shoah ou celle de l’histoire du conflit israélo-palestinien au motif que certains élèves contesteraient l’autorité des programmes d’Histoire. Enseigner, c’est chaque jour faire preuve d’autorité et de discernement. 

Aujourd’hui, il y a des militants dans l’islam politique radical qui veulent bouleverser cet équilibre. Séparer filles et garçons lors des cours de gymnastique, aménager les menus à la cantine, contester certains enseignements. Mais il y a aussi des gens qui ont une approche parfois anxiogène de la laïcité et considèrent qu’on vit dans un état de siège permanent. L’école n’est heureusement pas une citadelle assiégée en permanence par les intégristes de tous poils. Cessons donc de faire de l’école un théâtre de conflits permanents entre adultes. Comment les enfants pourraient-ils ensuite être imperméables à la violence des conflits entre adultes dans et autour de l’école.

Enfin, il y a aussi ceux qui se servent de la situation pour faire leur commerce politique. Le sujet du voile à l’université illustre bien cela. Alors qu’il n’y a aucun problème sérieux nulle part, il a suffi qu’un professeur décide d’exclure deux femmes voilées et se fasse sanctionner... On peut être d’accord ou pas avec ses convictions, mais c’est lui qui a enfreint la règle. Eh bien, l’UMP décide d’en faire un sujet : il faut interdire le voile à l’université. C’est irresponsable. je ne souhaite pas que le gouvernement ouvre ce débat inutile.

Ministre de l’éducation, vous n’avez pas touché à la circulaire Chatel sur l’interdiction des sorties scolaires pour les mères voilées…

À mon sens, elle doit être appliquée avec discernement. Là où il y a du prosélytisme, on n’accompagne pas. Mais qu’une maman accompagne un enfant avec un simple foulard sur la tête, ça ne pose pas de problème.

Mais qu’appelez-vous du prosélytisme ?


Quand on remet en cause le contenu de l’activité, qu’on ne parle qu’à certains élèves en ignorant ostensiblement d’autres, qu’on donne des conseils d’ordre religieux… Les professeurs gèrent ça souvent sur le terrain. Quand un comportement de ce type se produit, il n’y a généralement pas de sortie suivante pour le parent d’élève."

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Mots-clef : Charlie-Hebdo, islam, Benoît Hamon, liberté d'expression

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