Je doute que les « nantis » soient douloureusement touchés par le saut d’index, le recul de l’âge de la retraite ou la diminution des allocations de chômage.
Et du même auteur : « Nous n'avons plus les sous ».
Vraiment ? On n'a jamais créé autant de richesses. Le nombre de riches augmente ainsi que leur avoir : « A la fin 2013, 16,3 millions de foyers possédaient un patrimoine dépassant le million de dollars d'actifs liquides (hors immobilier), soit 19% de plus qu'en 2012 (13,7 millions). Parmi ces ménages, qui représentent aujourd'hui 1,1% de la population mondiale, les fortunes supérieures à 100 millions de dollars ont été particulièrement favorisées ». La concentration des richesses dans quelques mains ne cesse de s'accroître : démonstration.
La suite :
Les revenus du capital ne cessent de s'accroître aux dépens de ceux du travail. Encore les chiffres sont-ils faussés par la montée des très hauts salaires : Larry Ellison, de Oracle, touchait en 2010 68,70 millions $ (uniquement en salaire, sans compter actions, stock-options et autres avantages). Les inégalités fiscales ne cessent de s'accroître. En 2010, la filiale financière du groupe ArcelorMittal a payé 496€ d'impôts sur un bénéfice de 1,3 milliards, ceci grâce aux intérêts notionnels. Selon l'ancien ministre des Finances Koen Geens, ce système représentait en 2012 7 milliards non perçus par l'Etat. La FGTB note : « Selon les services d’études du PTB et le journal Trends qui ont établi un classement pour 2011, 20 multinationales ont déduit à elles seules 7 milliards. »
Le Luxembourg a conclu avec des centaines de firmes et de familles riches des accords de ruling fiscal, c'est-à-dire que ces bénéficiaires ont droit à négocier le taux auquel ils sont taxés. On estime que pour la seule Belgique, ce sont des milliards qui ont ainsi échappé au fisc. Je suppose que pour mon interlocuteur, Apple, Amazon, Pepsi, Ikea, Axa ou le Crédit agricole ne sont pas des « nantis ». (J'ai essayé de négocier mon taux d'imposition avec mon contrôleur, mais il m'a répondu « Non, ce n'est pas possible, vous n'êtes pas comme Apple ou Axa, vous êtes un nanti »). On a appris à cette occasion que la Belgique avait elle aussi conclu des rulings avec une soixantaine de multinationales.
Légal + illégal égale dette nationale.
Ces pratiques sont légales, il faut donc ajouter leur bilan à celui de la grande fraude fiscale. Celle-ci est illégale, mais le manque de moyens mobilisés contre celle-ci fait que des affaires traînent des années et sont finalement prescrites. L'ancien Secrétaire d'Etat John Crombez (sp.a) déclarait que cette fraude, par définition difficile à chiffrer, représente en tout cas « des montants énormes : les estimations varient entre 8 et 37 milliards d’euros. » La Belgique a injecté quatre milliards lors de la faillite de Dexia. Ce rachat alourdit la dette publique, ce qui signifie 160 millions d'intérêt supplémentaires à payer par an. "Si le climat était une banque, il serait déjà sauvé".
Bien sûr, ceci n'a rien de spécifique à la Belgique. Ce qui a permis à Warren Buffett (53 milliards de dollars de fortune personnelle), de déclarer « Oui, il existe une lutte des classes, mais c'est ma classe, celle des riches, qui la mène, et nous sommes en train de gagner ». (“There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning.” )
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