jeudi 20 janvier 2011

Crise Politique : Mieux À Faire Que Pleurer ?


Je m''interroge : dois-je, d'un claquement de doigt, résoudre la crise politique belge ? Ou laisser les choses en état ? Puisqu'apparemment, l'un et l'autre sont faciles, à en juger par ce qu'on lit...

La marmite bouillonne, on campe virtuellement au 16 (*), on va manifester sur l'air de "On veut un gouvernement", cela va certes résoudre la quadrature de la crise, ... mais, action appelant une réaction, on lit aussi qu'on vit fort bien sans gouvernement, et pourquoi pas continuer, plutôt pas de gouvernement qu'un gouvernement d'austérité. Ainsi, Claude Semal écrit joliment sur Facebook : "Les imbéciles qui pleurent pour avoir un gouvernement sont les mêmes que ceux qui pleureront quand ils en auront un." Certes. Mais, si je puis réagir en vitesse et à la grosse louche...

Suite de l'Article : 

Leyï 'm plorer ...

Pleurer pour avoir un gouvernement n'est peut-être pas malin, mais souhaiter qu'on en ait un le plus tard possible, par peur d'un gouvernement d'austérité, ne l'est certainement pas plus, parce que 1. un gouvernement plus tardif ne sera en rien plus à gauche pour autant ; 2. plus la mise sur pied d'un gouvernement tarde, plus l'atmosphère de crise politique se doublera de pressions économiques, ce qui permettra, que l'on trouve cela justifié ou pas, d'exercer plus d'austérité ; 3. parce que de toute façon Albert II, prenant quelques libertés avec la Constitution, a déjà chargé le gouvernement d'affaires courantes d'élaborer un budget dont le solde doit être "meilleur que celui convenu avec les autorités européennes" (donc budget d'austérité) ; 4. parce que tant qu'on est en affaires courantes, toutes les initiatives intéressantes ou nécessaires sont gelées, aucune réforme ne peut être entreprise, aucune décision politique (si la situation en Afghanistan devient encore plus désastreuse, un gouvernement en affaires courantes ne peut pas décider un retrait des troupes belges). Emploi, social, pensions, réforme de la justice, sécurité routière, logement, sans-papiers ... sont des dossiers en souffrance. Combien de victimes ? Affaires courantes veut dire que des subsides sont suspendus, comme le prouve le cas d'Intermissions, à Liège, qui s'occupe gratuitement de conflits familiaux, de problèmes de gardes d’enfants, de divorces difficiles ou de violences. Depuis le 1er décembre, les cinq membres de l'équipe ne sont plus payés. Ils travaillent pour l'instant bénévolement, vivant sur leurs réserves, et bien sûr l'ASBL devra bientôt fermer. En affaires courantes, la Belgique ne peut s'inscrire dans des programmes internationaux de recherche scientifique, ce qui a des conséquences et scientifiques et budgétaires pour les chercheurs, mais signifie aussi que la Belgique ne participera pas à des plans pour la préservation des forêts ou des zones naturelles...

Une piste plus intéressante :
De toute manière, pleurer pour avoir un gouvernement ou pour ne pas en avoir un relève de la même croyance en la pensée magique : ce n'est pas parce qu'ils ne veulent pas que les partis ne concluent pas, ou par je-m'en-foutisme comme l'affirme l'appel à la manif du 23, c'est parce qu'ils ne peuvent pas. Jacky Morael écrit : "TOUS les responsables politiques sont mis dans le même sac et accusés de se livrer à des jeux de bac à sable, de faire durer le plaisir et d'être déconnectés des attentes de la population. Ainsi, il suffirait des les "enfermer au pain sec et à l'eau" pour que par magie une solution émerge subitement. Ou de consulter la "sagesse populaire" pour que la solution soit, comme par miracle, trouvée".
Je note donc, avec beaucoup plus d'intérêt que les plorismes pour ou contre, la position du parti communiste (texte complet ici ) :
"...il nous paraît indispensable et urgent que les organisations syndicales se mobilisent pour faire entendre la voix des travailleurs et des allocataires sociaux. Avec comme exigences :
Ne pas faire payer la crise aux travailleurs qu'ils soient du Nord ou du Sud ;
Ne pas accepter de réformes comme celles qui s'annoncent qui appauvriraient en premier les Wallons et les Bruxellois ;
Réclamer, au contraire, un fédéralisme véritable qui "fédère" les populations , garantisse la solidarité notamment au travers de la sécurité sociale, tout en permettant la gestion à un niveau régional de certaines matières.
Et en définitive, réclamer une consultation populaire, précédée d’une véritable information sur les conséquences des différents scénarii, afin que Bruxellois, Flamands et Wallons décident souverainement de leur avenir
."
Sur la consultation populaire, je m'interroge sur les questions ... et sur les résultats. Mais l'appel aux organisations syndicales me paraît très très utile - FGTB et ABVV ont lancé en octobre une campagne commune "pour la solidarité et contre le nationalisme", il faut transformer l'essai.

(*) Je trouve l'argument particulièrement lamentable : on exige d'être remboursé, comme si faire de la politique était la même chose que fournir un service marchand.
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