vendredi 18 juin 2010

Golden Earring Live : Radar Love (Vidéo)


Golden Earring est l'un des plus anciens groupes de rock du monde : il a été fondé en 1961. Aux Pays-Bas, ils collectionnent les disques d'or. Au niveau international, leur morceau le plus connu est l'irrésistible "Radar Love" (un test pour batteur !). Je les avais vus il y a ... un quart de siècle, place Flagey, au Marni, l'ancien Marni, qui fut aussi un cinéma, remplacé aujourd'hui par une superette Delhaize. A peu près là où se trouve le rayon boucherie, George Kooymans ou Lou Reed faisaient hurler la foule. Sic transit... Golden Earring n'a jamais raccroché ses gants, ses membres ne font plus de grands bonds sur scène, ils ont pris des kilos et blanchi sous le harnais, mais leur maîtrise et leur rage de jouer n'ont fait que croître. Cette version torride, jouée au stade Ahoy de Rotterdam, date de 2006.



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vendredi 11 juin 2010

On Vote ? Quand ? Vous Etes Sûrs ? (Vidéo).


On est à deux jours du vote, et j'ai l'impression de ne jamais avoir ressenti autour de moi une telle désorientation. L'égarement va-t-il croissant d'élection en élection, ou est-ce ma subjectivité qui me joue des tours ? La phrase "Je ne sais pas pour qui voter" me semble se répéter comme dans une chambre d'écho, retentir ainsi que dans une vaste cathédrale vide d'espoir politique.
Un lecteur de la Libre dit avoir suivi la campagne de près dans tous les media. Ses conclusions sont éloquentes.

La Suite De L'Article


- Jamais il n’a connu période préélectorale aussi morne et pauvre en réels débats.
- Les partis traditionnels (dont désormais Ecolo) se sont presque exclusivement centrés sur ce qui se passait et allait se passer en Flandre.
- Quasiment aucune idée nouvelle n’a émergé. Les leaders ont souvent recyclé les propositions qui avaient servi lors du précédent scrutin.
- La campagne pour les régionales de 2009 avait été autrement nerveuse.
Pour le nord du pays, il a en revanche "découvert une confrontation bien plus musclée, même si carrément confisquée par Bart De Wever".
Vincent de Coorebyter, directeur du CRISP, constate que dans les discours et les media, le communautaire écrase le socio-économique, alors que sur les marchés, les gens ont certainement plus de demandes concernant leur pension ou leur salaire. Résultat : Selon "Vers l'Avenir", ce jeudi, un Belge sur deux ne sait pas encore quel vote émettre dimanche. Le score bulldozer promis à De Wever fait pousser une sensibilité francophone ou belgicaine à des gens qui pendant des décennies se sont autant souciés du communautaire qu'un poisson d'une pomme. Mon pote Untel a entendu que le SP.a proposait dans son programme le retrait des troupes belges stationnées en Afghanistan, et tout compte fait, voilà qui lui paraît intéressant. Mon vote, depuis des décennies, allait où allait la LCR (ex-POS, ex-LRT), mais mon ancien home politique s'enfonce de plus en plus dans ce qui a semblé ces derniers mois son souci principal : le soutien au discours islamiste dans la question des signes religieux à l'école. L'autre formation trotskiste du Front Des Gauches (PSL) est sur la même longueur d'ondes. Vu les dangers de cette position antiféministe, c'est assez à mes yeux pour contrebalancer les aspects positifs du programme... qui fait silence à ce sujet. Dommage, vu l'effort unitaire de six organisations. (1)

La très estimable Lise Thiry milita au PS, combattit pour le droit à l'interruption de grossesse, fut candidate pour Gauche Unie, parraina Semira Adamu, se bat pour les sans-papiers et la Palestine... Voici qu'elle figure sur les listes du Rassemblement Wallonie-France, alors que l'idée du rattachement à la France gagne du terrain (en tout cas dans l'opinion française, selon les sondages).  
Lise Thiry explique paraît-il sa présence par son attachement à la tradition renardiste, mais André Renard était pour le moins ancré franchement à gauche. On ne peut pas en dire autant du RWF. L'idée du rattachement ne me hérisse pas (les enjeux politiques français sont plus intéressants que nos déchirements cornéliens sur des langues de formulaires), mais j'avale de travers quand je lis sur le site du RWF qu'avec la France, "La justice sera plus rapide et moins laxiste. La politique de l'immigration sera mieux balisée. (Il y aura) Des mesures concrètes pour l’environnement (Grenelle I et II)". Ou encore : "Plutôt que l'élargissement illimité et la dilution, le RWF préfère l'alliance franco-allemande, noyau actif d'une Europe-puissance". Merkel-Sarkozy, le couple de l'année... C'est un tract UMP recyclé ?

Le PTB+ persiste dans son ton poujadiste ("Votez contre ce cirque politique") et surtout n'a fait sa mise à jour par rapport à l'ancien PTB que sur le style (moins compliqué, moins sectaire, plus décontracté), mais on attend toujours qu'il se distancie de sa ligne stalinienne. Voter pour un parti qui reste porte-voix de la Chine, "pionnière de la paix mondiale et une alliée fiable des peuples du tiers monde" ( je cite), a soutenu les Khmers Rouges, Sentier Lumineux, Ceaucescu, Milosevic... et n'a jamais fait amende honorable est un peu contradictoire avec le socialisme démocratique.

Ecolo et le PS ? Vous avez eu le temps de vous faire une idée quant à leur bilan, non ? Leurs listes sont pleines de personnes dont l'investissement dans divers terrains est extrêmement respectable certes. Une remarque quand même sur ces partis situés pourtant peu ou prou à gauche : parcourez leurs listes de candidats, par exemple au Sénat et à Bruxelles (Hal - Vilvorde, j'allais déjà l'oublier) : qui s'y réclame d'une expérience syndicale ? On a très vite fait le tour : Gaston Onkelinx, Catherine François (beau palmarès), Michèle Carthe pour le PS, et chez Ecolo Michel Renard, Gian-Pietro Favarin, Zoé Genot et Catherine Kestelyn. Sur 68 personnes. (J'espère n'avoir "raté" personne car l'exercice est fastidieux, mais en tout cas cela donne une idée de la proportion).

Pour retourner dans les marges, mentionnons un Petit Poucet nouveau, le Mouvement Socialiste (MS+), qui se place à gauche de la social-démocratie et se veut « gauche de transformation sociale » dans le sillage du Front de Gauche français emmené par Jean-Luc Mélenchon (du Parti de Gauche) et Marie-George Buffet (du Parti Communiste, qui en Belgique est en revanche dans le Front des Gauches, ce que n'est pas le Mouvement Socialiste - relisez lentement, je ne peux pas faire plus simple - ). Oui, on y trouve le mari d'Anne-Marie Lizin, non il n'a pas adhéré après l'exclusion de son épouse du PS mais avant. Comme c'est sans doute le parti le moins connu de la bande, nous lui offrons un boulevard médiatique en reprenant ci-dessous la vidéo par laquelle Francis Bismans, Président du MS Plus, en présente le programme.
Et ce que je vais voter ? Ben chsais pas. On a encore le temps, non ?

(1) : On attend le congrès que le Nouveau Parti Anticapitaliste (successeur de la LCR française, et dont le porte-parole est Olivier Besancenot) consacrera en automne à la question de la laïcité. En attendant, je m'étrangle en lisant sur son site un article qui préconise de répondre au débat sur l'identité nationale par "une série d’identités ouvrières, précaires et chômeuses, (...) et pourquoi pas islamogauchistes". Lis-je bien une publication marxiste ?




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Tracts : Les Langues Qui Font Scandale.


Le site Parlemento donne tous les détails, je ne vais pas les reprendre : certains candidats s'adressent aux électeurs en d'autres langues que le français, le néerlandais ou l'allemand, nos langues officielles. Exemple : propagande unilingue en turc pour MR et PS, bilingue français-turc pour CDH. Je ne commente pas ici un des aspects, en effet hautement douteux, le fait que le texte en turc et celui en français ne correspondraient pas. Par contre, je constate que sur divers sites, des cris d'indignation s'élèvent. Il serait scandaleux d'utiliser une autre langue que nos idiomes nationaux !

La Suite De L'Article

Première remarque : rien n'impose d'utiliser ces langues (français, néerlandais, allemand) dans des tracts, qui ne sont pas des documents officiels. Leur côté "langue nationale" prête d'ailleurs à questionnement. Il y a en Belgique quelque 175.000 italiens. La Communauté germanophone compte moins de 75.000 membres. L'italien est-il vraiment moins national que l'allemand ?
Deuxièmement "certains partis diffusent des tracts dans des langues qui ne sont pas nos langues nationales officielles. Il paraît que c'est un scandale. Alors pourquoi est-on allé chercher des centaines de milliers de personnes qui parlent turc, arabe, italien, portugais, espagnol pour les faire bosser dans nos mines, au lieu de se contenter de nos nationaux officiels ?" C'est ce que j'ai écrit sur Facebook - ce qui a déclenché une petite marée de commentaires. Je précise : entre gens civilisés.

Discussion difficile à résumer. Je comprends l'inquiétude de ceux qui demandent : "N'est-ce pas pousser le bouchon du communautarisme un peu loin? Et, partant, celui du vote communautaire (car, en tout cas pour ceux que j'ai vu, chaque fois, cela concernait des candidats issus des minorités concernées)?" La question est valable. Mais ce n'est ni aux communautés concernées, ni aux candidats en question de porter le chapeau. Essayons de nous imaginer : 50.000 belges importés massivement, à la suite d'un accord international, dans un même pays. 50 ans après, la plupart d'entre eux sont toujours dans le fond du panier social. Ne seront-ils pas intéressés par des candidats qui parlent leurs langues et leur paraissent proches d'eux ? Le communautarisme m'est hautement antipathique, y compris quand il se déguise en antiracisme. Mais hurler sur les conséquences sans s'en prendre aux causes, cela vous a un petit côté xénophobe...
On m'a fait observer que "Fournir une raison univoque (ils ont travaillé ici mais n'ont pas réussi leur insertion ou leur intégration, donc on leur parle dans leur langue d'origine) revient à penser les groupes en tant qu'ils sont des groupes et de façon uniforme. Or, nous connaissons toutes et tous des citoyennes et des citoyens d'origine turque qui ont fort bien réussi dans leur vie. La question sociale ne suffit donc pas à expliquer cette drague. Il y a aussi le nationalisme que ces candidats flattent. De plus, les partis concernés sont largement responsables de cette question sociale"" - ce qui est tout à fait exact -. Et "quand on n'a pas fait grand chose pour sortir des gens de leur bulle, il est parfaitement scandaleux de surcroît d'utiliser le communautarisme pour s'y faire bien voir".

Que des citoyens d'origine turque, ou marocaine, portugaise, italienne etc aient fort bien réussi est tout à fait exact, mais "Des citoyens" (5 % ? 10 ? 15 ?) n'est pas un concept opérationnel ici. En matière de pub, on vise la masse, et la masse est dans une telle situation qu'elle sera sensible à être interpellée dans sa langue - même les électeurs qui parlent parfaitement une de nos langues nationales, même ceux financièrement à l'aise - . (J'en profite, ferraillant des deux côtés pour récolter autant d'ennemis que possible d'un seul coup, pour préciser que, habitant depuis 26 ans par choix dans un quartier où l'immigration est très très présente, j'en ai autant marre de la xénophobie que du discours compassionnel genre "immigré = d'office, pauvre = victime = méritant en permanence solidarité et assistance". Ces deux postures, ces deux préjugés sont nocifs. Je pense qu'il y a aujourd'hui une classe moyenne très à l'aise issue de l'immigration. Cela dit, cette classe moyenne vit toujours, majoritairement, au sein d'un ghetto).

Nationalisme ?

Flatter le nationalisme ? Sans aucun doute. Mais s'il y avait eu, depuis les accords d'immigration, une politique d'insertion digne de ce nom, ce nationalisme n'aurait plus de prise. Dans mon quartier, des "3è génération" parlent d'eux-mêmes en disant "les Marocains", et parlent des "Belges de souche" en disant "les Belges". Cela me désole, mais je ne peux pas leur en vouloir - mais évidemment, c'est pain bénit pour les pêcheurs en eau trouble. (Cela dit, quand par exemple un indépendant s'adresse particulièrement aux indépendants, ou une mère de famille aux mères de familles aux mères de famille, je n'entends pas crier au communautarisme...).

Car enfin, la base de cette situation, c'est quand même évidemment que le français est encore mal maîtrisé par des couches importantes de la population issue de l'immigration, et là, la responsabilité du pays d'accueil est énorme. S'il y a un domaine où un effort de discrimination positive se serait imposé, c'eût été celui-là (comme l'explique une thèse récente, des enfants aculturés dont les parents parlent un arabe ou un turc patoisant et déstructuré se heurtent à un mur de difficultés pour assimiler la structure d'une autre langue que celle de leurs parents).
On me répond que "les immigrés qui parlent mal ou pas le français n'ont qu'à se faire traduire les tracts et autres documents par leurs enfants". Cela m'effraie un peu. C'est entériner qu'il doit y avoir deux catégories de citoyens : ceux qui peuvent comprendre par eux-mêmes ce qui se dit et s'écrit concernant la gestion de la cité, et ceux qui ne le pourront pas, sauf à faire la démarche de demander à leurs enfants de bien vouloir traduire - enfants qui vont peut-être répondre qu'ils n'en ont rien à cirer, ou qui vont complètement déformer des idées et des concepts qu'ils ne connaissent pas, etc. -

Comme A L'Ecole ?

De là, la discussion glisse quelque peu vers l'enseignement. C'est l'occasion de constater en choeur qu'on est fort démuni devant des classes auxquelles il faut donner cours en appliquant le programme alors que certains enfants fraîchement arrivés ne parlent tout simplement pas (du tout) français !. Une enseignante écrit à propos de son école : "Il arrive que des avis aux parents soient traduits en turc ou en arabe, et même à présent en bulgare ...Je ne suis pas d'accord avec ce procédé : c'est à eux de s'intégrer , et non l'inverse . Pour moi , il en va de même pour les tracts électoraux ! Et ne me dites pas que je suis raciste , je ne travaillerais pas dans ce milieu depuis 37 ans : j'aurais déjà démandé ma mutation depuis longtemps si je ne me sentais pas à l'aise et utile dans ce quartier !"...
La comparaison avec l'école me paraît limitée : on ne peut pas comparer : "s'adresser à des enfants scolarisés en Belgique" et "s'adresser à des électeurs parfois immigrés de première génération, dont beaucoup seront incapables de comprendre un tract électoral en français". Je constate déjà, dans mon quartier ou d'autres, dans des épiceries ou des snacks, que mon interlocuteur ne comprend pas "concombre", "vinaigrette", "biscuit à l'orange" (3 cas vécus, dans 3 commerces différents) ! Et ce ne sont pas seulement des personnes âgées ! Dire "c'est à eux de s'intégrer" n'a pas de sens, vu leur parcours, sans une politique d'intégration menée sur le long terme, y compris une politique d'urbanisme qui dissout les ghettos (comme dans d'autres pays).

Mais l'argument "C'est à eux de s'intégrer" prête à trop de glissements et d'oublis. "It takes two to tango", il faut être deux pour danser. C'est au pays d'accueil et à eux. Bien sûr, il y a une réalité du communautarisme, et certains ont tout intérêt à maintenir haut les murs des ghettos : cela préserve des nationalismes, des traditions dans lesquels il fait bon piocher pour trouver du soutien à ses thèses politiques ou philosophiques. Et cela encourage un paresseux repli avec pour conséquence, comme m'écrit une enseignante : "Nous avons instauré un cours de français gratuit à l'intention des mamans : trop peu nombreuses . On leur demande de faire regarder la télé en français aux enfants pour les laisser baigner dans cette langue véhiculaire ... C'est trop demander !!"
Seulement, cette réalité ne doit pas faire oublier une série de vérités concernant l'immigration et les conditions dans lesquelles elle s'est développée, sans quoi on glisse vers une image consternante d'immigrés campant sur leur quant-à-soi, décidés à profiter un max du pays d'accueil alors que, comme on me l'a écrit "ceux qui étaient venus pour travailler sont repartis depuis longtemps".
D'où petit rappel à la grosse louche et vite fait :

L'Immigration En Belgique : Rappel Des Faits

1956 : la catastrophe de Marcinelle fait 262 morts, dont 167 étrangers, presque tous Italiens. Le drame met en lumière non seulement les problèmes de sécurité, mais les conditions de vie : les mineurs vivent généralement dans des baraquements vétustes et sans hygiène, parfois ceux où l'on avait entassés les prisonniers allemands. Le gouvernement italien, avec lequel la Belgique avait un accord d'immigration depuis 1946 (accord "mineurs contre charbon"), bloque l'émigration vers notre pays. Où trouver de la main d'oeuvre ? Elle manque cruellement en cette période de plein emploi, où les Belges quittent les travaux durs et mal payés. De plus, l'avenir démographique apparaît effrayant : en 1962, le rapport du démographe français Sauvy prévoit une catastrophe démographique pour la Wallonie. Il faut trouver des gens ! Jeunes !
La Belgique signe des accords d'immigration à la chaîne : Espagne: 1956, Grèce:1957, Maroc et Turquie: 1964, Tunisie:1969, Algérie et Yougoslavie: 1970. Des bureaux de recrutement belges sont installés dans ces pays, dont les gouvernements encouragent l'émigration, qui représente pour eux une source de devises quand les travailleurs expatriés envoient de l'argent à leur famille. Quant à dire "C'est leur choix, ils étaient bien contents", comme on me l'a écrit, inutile de dire que les recruteurs ne parlent pas de Marcinelle ! Les témoignages sont nombreux sur la désillusion de ces travailleurs quand ils découvrent la réalité qui les attend- mais que faire, ce sont souvent des pauvres dont la famille attend un envoi d'argent - . "Leur choix" ? En plus, ils sont souvent mal vus par les travailleurs belges, car ils acceptent des salaires bas.
Il s'agit bien d'une "importation", comme celle d'une marchandise : en 74, vu le début de la crise, cette immigration est bloquée. Par contre, le regroupement familial est encouragé.

On m'écrit : "Ceux qui sont venus pour travailler sont repartis depuis longtemps ( je parle des bien-portants ) dans leur pays où ils ont fait construire ! , pour y couler des jours heureux (...) depuis , les générations suivantes ont compris : ils viennent mais ne travaillent pas ".

Les travailleurs immigrés seraient repartis ? Un exemple : il y avait environ 400 Marocains en Belgique en 1960. L' accord d'immigration est signé en 1964. Six ans plus tard, il y a 40.000 Marocains en Belgique, 100.000 seize ans après les accords. Cette immigration a aujourd'hui apporté un supplément de population d'environ 300.000 personnes.
En effet, le gouvernement belge a favorisé le regroupement familial - et voilà des jeunes pour payer nos pensions ! Si certains sont retournés terminer leurs jours dans leur pays d'origine (et pourtant j'en vois, des cheveux blancs dans ma rue), leurs enfants sont restés et ont fait souche. Et pour les âgés, rentrer en quittant ses enfants et petits-enfants (et cousins et neveux parfois) n'était pas très tentant. Résultat : "L’immigration de main d’oeuvre s’est transformée en immigration de peuplement définitive. De masculine et adulte, elle est devenue familiale. Ainsi grâce au regroupement familial et à une fécondité élevée, les populations marocaines et turques ont enregistré de nombreuses naissances en Belgique". (L’immigration marocaine en Belgique (1964-2004) Fl. Loriaux). (NB : ce n'était pas du tout ce qu'espéraient les gouvernements des pays d'origine !).

Autre exemple : la communauté italienne est la plus importante communauté étrangère de Belgique. Or l'immigration italienne a été interrompue net, par le gouvernement italien, après la catastrophe de Marcinelle. Si les étrangers étaient rentrés chez eux avec femmes et enfants, cette communauté serait inexistante. Au contraire, elle est la première communauté étrangère du pays.

Petit rappel : en Belgique, les principales communautés étrangères sont européennes : Italiens 175.692 personnes, Français 123 236, Néerlandais 113 570. Les Marocains sont 81 322. Bien sûr, il s'agit d'étrangers non naturalisés : il y a par exemple aujourd'hui plus de 300.000 personnes d'origine marocaine en Belgique, à la suite de la politique belge dépeinte plus haut.

"les générations suivantes ont compris : ils viennent mais ne travaillent pas (...) ce n'est pas à eux qu'il faut en vouloir mais bien au système qui permet cet état de faits"

Qu'est-ce qu'il permet ? Pour s'établir en Belgique, il faut aujourd'hui au choix : regroupement familial, mariage, statut d'étudiant, statut de réfugié (combien d'expulsés après 6 ou 12 mois dans un centre fermé ?), permis de travail avec demande d'un employeur ( = réservé aux fort qualifiés).

Reste une immigration illégale estimée à 100.000 personnes (1% de la population). Si ses membres travaillent, c'est donc au noir, au bas de l'échelle, sans statut, sans sécu, avec seulement droit à la scolarisation des mineurs et à l’aide médicale urgente.

Voilà. En guise de conclusion, je cite cette contribution au débat d'un Facebookien : "Dire en russe à des russophones qu'il est bon de prendre part à la vie collective et s'impliquer en tant que citoyen ici et maintenant est à mes yeux plus noble que de dire en français à des francophones qu'il faut reconduire les immigrés à la frontière".

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Flotille De La Paix, Manips, Contre-Manips...

Après le drame qui a suivi l'intervention israélienne contre la Flotille de la Paix, une grêle d'infos a succédé à la grêle de balles. Enfin, quand je dis "infos" ... une grêle d'arguments hurlés, tonitrués, d'images difficiles à interpréter, d'affirmations qui se perdent dans la brume des contradictions. Par exemple, les photos d'armes trouvées sur le navire Mavy Marmara, photos publiées sur le site Flickr par l'armée israélienne, dateraient en réalité ... de 2003 et 2006. Les données EXIF, ces données informatiques qui accompagnent les photos numériques de certains formats, le précisent. Mais il peut y avoir à cela des explications techniques, et il serait étonnant que les spécialistes militaires israéliens, s'ils avaient monté un canard, aient commis une gaffe pareille (mais sait-on jamais ?). On trouve ici une analyse non passionnelle et technique des raisons pour lesquelles il ne s'agit probablement pas d'un faux.

La Suite De L'Article

L'auteur fait aussi remarquer, avec bon sens, que s'il s'agissait d'un bidouillage, les auteurs auraient placé des armes plus impressionnantes, pour accuser les passagers du navire, que des couteaux et des haches. Mais bien sûr, non vérifiée, relancée entre autres par le catastrophique site Agoravox, l'accusation a été relayée à des milliers de reprises.
D'autre part, le journal turc Hurriyet a publié des photos de militaires israéliens blessés, qui semblent accréditer que ces soldats auraient bien été attaqués dès leur arrivée sur le Mavy Marmara. A quoi l'on peut répliquer que les passagers du navire se défendaient légitimement, puisqu'ils étaient attaqués dans les eaux internationales. (NB : on lit dans la Libre d'aujourd'hui dans le compte-rendu de quatre femmes belges qui se trouvaient à bord : "... en plus de l'usage de bombes assourdissantes et des gaz lacrymogènes, les soldats israéliens, "qui étaient lourdement armés, " ont ouvert le feu à balles réelles sur le bateau avant même de le prendre d'assaut.Les deux femmes ne nient pas les violences menées par certains passagers envers les militaires israéliens. "Mais nous étions en état de légitime défense"). Est-ce vraiment l'essentiel, ce jeu sinistre et puéril de "C'est l'autre qui a commencé" ? Le flou autour de cette question ne m'a pas empêché de manifester contre l'opération de Tsahal, parce que la question importante n'est pas celle-là, mais celle du bien-fondé ou non du blocus de Gaza. Les derniers événements ont posé cette question y compris à l'opinion israélienne, dont une partie s'interroge. C'est indéniablement, même payé cher, un point important.

Gaza Rieuse ?

A propos de Gaza, du blocus, et de la guerre des infos, j'ai reçu aussi des images présentées comme provenant de Gaza. Elles montrent des étalages bien fournis et achalandés. De nombreux sites pro-israéliens les ont reproduites, assorties bien sûr de commentaires tels que "Voyez la soi-disant misère des habitants de Gaza".
Un étalage, et même dix, ne font pas l'abondance. Gaza, la ville, compte 400 000 habitants, la bande de Gaza plus de 1.500.000. Chacun sait qu'il y a des marchés approvisionnés à Gaza. Des tonnes de vivres y parviennent par les fameux tunnels de contrebandiers. L'ensemble des photos nous montre quelques habitants. Mais, avais-je répondu à l'amie qui m'avait envoyé ce document, "Combien de personnes ont accès à ces étalages alors que la moitié de la population est au chômage ? Les entreprises sont en ruines. Les tunnels arrangent le Hamas (la survie reste possible à Gaza) comme Israël (pas d'explosion suicidaire de désespoir qui créerait un scandale mondial irrésistible). Les entreprises locales encore debout, privées de produits chimiques, de courant, voient simplement la contrebande prendre la place de leurs produits".
Oui mais, quelque chose me chiffonnait. Ces photos provenaient d'un site pro-palestinien, Paltoday . Curieux, non ? Un site pareil qui montre des images pareilles ? Cherchez l'erreur. Impossible pour moi de la trouver via Paltoday, qui n'existe qu'en version arabe. C'est le journal israélien Haaretz qui donne des éléments de réponse. Pourquoi Paltoday montrait-il des scènes de vie plus facile à Gaza ? Pour glorifier le Hamas ! En effet, explique Haaretz, l'on vit désormais mieux à Gaza ... car l'économie prise en main par le Hamas progresse ("Hamas economy grows") ! Face au succès des contrebandiers, l'organisation palestinienne a décidé de battre ceux-ci sur leur terrain. Et elle a creusé, avec ses solides moyens, ses propres tunnels. Des centaines, selon Haaretz. Elle s'en est servie pour importer massivement des vivres et des produits nécessaires à la vie quotidienne. Résultat : une arrivée de biens suffisamment massive pour que les contrebandiers voient avec désespoir les prix s'écrouler. Ceux qui creusaient de nouveaux tunnels ont même renoncé et abandonné leurs chantiers souterrains. Le réseau permet même d'alimenter certaines usines en carburant et en ciment. Les images distribuées par les pro-israéliens chantent donc la gloire du Hamas !
Mais ce n'est pas ainsi que l'on importera suffisamment de matériaux pour reconstruire la ville. Il faut suffisamment de ciment, d'acier, de bois, de verre pour rebâtir ou réparer 3.500 habitations détruites et 56.000 autres endommagées. "Dans un rapport publié le 22 décembre, soit un an après Plomb durci, 16 ONG humanitaires et de défense des droits de l’homme rapportent que les autorités israéliennes n’ont autorisé que l’entrée de 41 camions de matériaux de construction depuis la fin de l’offensive, alors qu’il en faudrait des milliers. Selon les auteurs du rapport, le blocus a également conduit à de fréquentes coupures d’électricité, de gaz et d’eau, avec des conséquences désastreuses sur la vie quotidienne et la santé publique. S’ajoutent les restrictions d’approvisionnement en gaz industriel imposées par Israël, privant 90 % des Gazaouis de courant pendant 4 à 8 heures par jour. Pour Amnesty International, «le blocus asphyxie la population, dont plus de la moitié est constituée d’enfants, dans pratiquement tous les aspects de la vie quotidienne. On ne peut laisser se poursuivre l’isolement et la souffrance dans lesquels elle est de plus en plus plongée.» (Libé, 01/06/2010). Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a parlé de "souffrances humaines inacceptables".
Pour plus de détails, voyez par exemple ce reportage. Oui, la question du blocus reste posée.
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Une Police Neutre SVP ! (Vidéo)


On défend - à juste titre - la neutralité des services publics, on ne veut pas être reçu par un fonctionnaire ou enseigné par une prof qui affiche un signe religieux ou politique, fort bnien, je n'en démords pas. Mais cette neutralité, qui devrait valoir - pour le moins ! - aussi pour la police, semble en avoir pris un coup à Uccle, dimanche dernier, devant l'ambassade d'Israël, lors d'une manifestation de soutien à cet Etat. Le rassemblement était organisé par plusieurs organisations de jeunesse juive avec le soutien du CCOJB (Comité de coordination des organisations juives de Belgique). Des représentants du MR et du PP étaient présents. Problème : le matériel de sonorisation des organisateurs s'est avéré défaillant.

La Suite De L'Article
C'est donc le mégaphone de la police qui a permis à l'organisateur principal de s'exprimer. Le même mégaphone a servi à annoncer que l'ambassadrice allait arriver (annonce faite par un policier), puis à diffuser le discours de celle-ci. J'imagine difficilement un manifestant d'un autre type se servir du matériel de la police sans faire connaissance avec la cellule la plus proche.



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lundi 7 juin 2010

Elections : Voter Sexy ???


On se pince ... A l'approche des élections, la Libre a enfin trouvé la question essentielle, l'enjeu majeur. Je cite :
"Nos femmes politiques belges sont-elles séduisantes?
A la veille de nos élections, La Libre Belgique et La Libre Essentielle vous proposent de découvrir à travers une galerie photo que nous vous avons concoctée toutes nos femmes politiques belges.
Participez à notre concours afin d’élire la plus séduisante d’entre elles."
Je ne plaisante pas, cela se trouve ici

La Suite De L'Article :
Bien sûr, il s'agit de la Libre Essentielle, donc de la partie "magazine". Et alors ? Les pages magazine servent-elles à servir au lecteur l'aliénation et les âneries que l'on évite dans les pages "info" ?
Concours effarant, imbécile, dégradant... Comment prendre la Libre au sérieux, après cela, quand elle traitera de l'égalité hommes-femmes ? Par ailleurs, les femmes politiques ainsi mises en lice en ont-elles été prévenues ? Ont-elles donné leur accord ? J'en connais quelques-unes qui n'apprécieraient probablement pas !
Seul élément rassurant : les lecteurs, ici plus dignes que les rédacteurs, envoient une volée de bois vert. On lit dans les commentaires : "on n’est pas dans un défilé de mode mais dans la politique. Annulez ce concours stupide ou alors, faîtes le même pour les hommes, histoire d’avoir un peu d’égalité dans la bêtise humaine!", "La libre perd-elle la tête? Le Rédac Chef est en vacances? Les journalistes politiques ont déserté? Connaissez-vous encore la différence entre la Com’ et le journalisme?", "J’hallucine ! Au 21ème siècle, vous en êtes encore là ! Nous avons les mêmes droits, en théorie, que les hommes, soit d’être laides, vieilles ou plus tout à fait fraîches, et même incompétentes… ", "Les femmes qui se battent sur leurs dossiers ne seront-elles donc jugées que sur leur apparence? Merci à la Libre de continuer à véhiculer des idées d’un autre âge.", etc. Lecteurs : 15, la Libre : 0 pointé.

Il est vrai que Sudpresse a appelé les internautes ont participé à des quiz régionaux visant à élire le candidat ou la candidate la plus sexy. Selon les régions, le quiz était diversement présenté : parfois, il s'agissait de désigner ceux "dont les arguments, derrière les postures idéologiques, sont les plus séduisants. (...) Un rancard entre les deux lauréats suivra", comme ici , parfois tout bêtement d'être le plus beau.
Décidément, ne me dites pas qu'on a la presse qu'on mérite, ce serait vexant.

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Adieu à Istvan Felkaï


Istvan est mort. Je l'ai appris - avec beaucoup de retard - en rentrant d'une longue absence. L'un des premiers mails que j'ai ouverts m'a envoyé ce coup de massue totalement inattendu. Istvan, je l'avais revu peu auparavant, il m'avait parlé avec optimisme de sa santé améliorée par une opération, il était semblable à lui-même : chaleureux. A 64 ans, c'était un routier aguerri de l'information, il avait collaboré jadis à Hebdo, ce journal de gauche qui voulait remplir un vide cruel dans la presse belge et qui tint héroïquement son pari pendant quelques années, il écrivit ensuite dans le Drapeau Rouge, puis fut correspondant à Bruxelles de Libération.

Fin des années 80, il entre à la RTBF, couvre l'actualité internationale, puis devient, avec une joie sans borne, correspondant à Paris. Correspondant permanent : il s'y installe, avec son épouse la douce et drôle Mimouna, et leurs trois enfants grandiront dans la Ville Lumière. Correspondant efficace : à ce gourmand de l'info, rien de ce qui est français n'est dès lors étranger, pour la joie de ses collègues belges passant par la capitale française, qu'il gave de tuyaux et de rancards. Correspondant brillant : à ses facultés d'analyse, il joint une plume précise et sa maîtrise de la langue ... qui n'était pas la sienne au départ, puisque "Ishka" était d'origine hongroise, sujet de taquineries envers cet homme qui gardait une vive tendresse pour sa terre d'origine et ses habitants, et qui "moussait" dès qu'on semblait mettre en cause l'excellence des Hongrois en quelque matière que ce soit. Correspondant apprécié : il était de ces journalistes dont l'annonce du nom réveille l'attention de l'auditeur.
Ishka, cher Ishka, mon émotion est grande de devoir dire adieu à un homme d'intelligence, d'analyse, de rigueur, de style, mais aussi à un copain depuis bien longtemps, à un amoureux du rire, de l'amour et de l'amitié.

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