samedi 4 décembre 2010

Voile : Où En Est Le NPA ?


Nous avons évoqué les remous suscités aux élections régionales françaises par la candidature de Ilham Moussaïd (photo), candidate du NPA dans le Vaucluse aux régionales françaises de mars. Au sein même du Nouveau Parti Anticapitaliste, les polémiques avaient été vives, et un congrès devait trancher en novembre sur les épineux rapports entre anticapitalisme et laïcité. Las, après le dépôt de diverses motions (intéressantes), le débat n'a pas semblé suffisamment mûr, le dit congrès a été repoussé à décembre 2010, puis à février 2011. En attendant, un événement est venu en dramatiser quelque peu la préparation : une douzaine de militants ont quitté la formation, ceux qui avaient fait corps autour de Ilham Moussaïd.


La Suite De L'Article :

Ce n'est pas une surprise. Les rapports entre eux et une partie du NPA étaient publiquement très mauvais. Jacques Hauyé, tête de liste NPA aux régionales, avait estimé dans un communiqué que "les comités attachés au féminisme et à la laïcité regrett(ai)ent l'instrumentalisation de l'islam à laquelle la candidate s'est prêtée avec le concours actif d'une équipe qui s'est autonomisée et qui continue autour d'elle". Les intéressés avaient riposté qu'ils étaient l'objet d'une "véritable chasse aux sorcières".

Vous trouverez en bas de page les liens vers un article plus complet, ainsi que quelques-uns des nombreux textes suscités. D'une part trois contributions liées à des motions. Un extrait de chacune :

On lit dans la première : "Le voile se situe dans la longue tradition patriarcale de la plupart des religions, qui ont cherché à contrôler le corps et la sexualité des femmes, pour les assigner à un rôle spécifique et subordonné dans la société, une tradition aujourd’hui ravivée. Cette conception est contradictoire avec notre projet féministe et démocratique. La contradiction liée au port du foulard islamique n’est pas en tant que telle un obstacle à l’adhésion au NPA. En revanche, les choses sont différentes dans le domaine de la représentation publique car c’est l’ensemble du parti qui se trouve alors en position d’assumer la contradiction. Le NPA ne peut être représenté par ce symbole qu’est le foulard ni par un autre signe religieux ostensible quelle que soit la religion."

La deuxième "s’oppose à l’analyse avancée par des camarades du 84, qui disent: «La forme islamophobe que prend le racisme et la discrimination des enfants d’immigrés fait que la religion musulmane sera une des portes d’entrée en politique de ces populations. Nous devons nous en féliciter plus que le craindre». Cette analyse a sous-tendu une partie de la campagne des régionales dans le 84, sans aucun impact sur les populations concernées, ce qui ne nous étonne pas. Par ailleurs, nous sommes opposés à un «double statut» au NPA et il en découle que tous les adhérentEs, même croyants visibles, peuvent postuler à la candidature. Notre motion indique que nous pourrions l’accepter par exemple pour unE dirigeantE grandement reconnuE dans la lutte des sans-papiers, de la grande distribution, du nettoyage, du mouvement social d’une manière plus générale. Mais à partir du moment où la croyance apparaîtrait publiquement, il est indispensable que ne subsiste aucune ambiguïté sur le sens de la candidature".

Les signataires de la troisième estiment qu'«Un militant ou une militante manifestant une croyance religieuse a, comme tous les autres adhérentEs, le droit le droit de postuler pour représenter le parti lors d’élections. Cette candidature qui, comme toutes les autres, s’appuie sur l’engagement du-de la camarade dans les luttes sociales et locales, défend exclusivement et intégralement les principes (notamment de laïcité) et le programme du NPA.
Sur des bases programmatiques communes, le parti a tout à gagner à «montrer» sa diversité comme élément de sa cohérence et de droits égaux
».

Epinglons aussi deux contributions opposées, signées respectivement par Pierre-Yves Salingue et Pierre Rousset. Le premier prend entre autres l'exemple de Heloïsa Helena, trotskiste brésilienne dirigeante du PSOL (Partido Socialismo e Liberdade) qui souligne publiquement ses convictions chrétiennes : "Je vais toujours à l’église. J’ai beaucoup d’amis qui sont des pères. La semaine passée, je suis allée quatre fois à la messe. Mon expérience religieuse est avec le camarade qui est là-haut dans les cieux" Elle a recueilli sept millions de voix aux présidentielles de 2006 (NB : en 2010, le PSOL n'a en revanche recueilli que 886.616 votes - 0,87% - et Heloïsa Helena a perdu son siège de sénatrice). "Voilà une femme qui ne saurait être porte paroles du NPA", écrit ironiquement l'auteur, qui conclut qu'au contraire : "La religion n’est pas l’élément le plus important de la conscience et la pratique sociale est plus importante que la conscience.
Il en est de la religion comme pour d’autres superstitions, fausses croyances ou erreurs politiques : elles ont des racines matérielles et sociales.
Quand notre parti sera plus implanté dans des secteurs tels que le nettoyage, la restauration collective, la métallurgie ou le bâtiment, nous ne vivrons plus comme « une difficulté politique » le fait qu’une « femme voilée nous rejoint et porte un discours en adhésion avec nos principes !
».
Rousset réplique : "les convictions religieuses d’ Heloísa ont bel et bien fini par poser problèmes, et pas des moindres. A son congrès de fondation, le PSOL a adopté une résolution favorable au droit à l’avortement, poursuivant un combat difficile au Brésil. Pour sa part, Heloísa est contre l’avortement, c’est son choix et son droit ; mais en tant que porte-parole du PSOL, elle ne devait pas opposer ses convictions religieuses personnelles au positionnement politique collectif de l’organisation. Pourtant, après le congrès, elle a commencé à participer à des campagnes contre ce droit avec, entre autres, des secteurs de la droite de l’Eglise catholique." Les deux auteurs polémiquent également à propos du féminisme au Pakistan, discussion intéressante mais trop longue à rapporter ici.

Quant à la LCR belge, elle semble avoir fait ses choix, puisque, alors qu'elle ne pouvait ignorer la situation du NPA, elle avait organisé en avril une série de "débats" publics parfaitement unilatéraux, "avec des représentantes de nouveaux collectifs principalement animés par des jeunes femmes qui portent le foulard (MDF, CFIL, TETE) et la participation exceptionnelle de Ilham MOUSSAID, candidate aux élections régionales françaises de 2010 sur les listes du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) qui, parce qu’elle porte le foulard, a focalisé l’attention et les critiques des médias et de tous les partis". C'était soutenir publiquement une tendance contre d'autres, dans une discussion publique non close de son parti frère le NPA.

Un article plus complet.

Différents textes déposés en préparation du congrès

Les contributions contradictoires de Pierre-Yves Salingue et Pierre Rousset.

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