mardi 19 mai 2009

Taisez-vous, Jacques Sapir !


On se rappelle la phrase fameuse de Georges Marchais en plein débat télévisé, à l'un des journalistes "Taisez-vous, Elkabbach ! " (Il ne l'aurait, soit dit en passant, peut-être jamais dite). Jacques Sapir, Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, auteur, collaborateur du Monde Diplomatique et de beaucoup d'autres publications, vient d'en vivre une version plus feutrée, mais tout aussi brutale, alors qu'il accordait une interview à « l'Hebdo des socialistes », bulletin du PS français.

La première question porte sur les délocalisations provoquées par les écarts salariaux entre les nouveaux membres de l’Union Européenne et les anciens. Question suivante, dans le sillage de la première : que penser de l'idée d'une directive européenne qui harmoniserait les conditions sociales et rendrait ainsi impossible le « dumping » social et salarial ? C'est ici que ça se gâte... Laissons raconter Jacques Sapir.
"On ne voit pas comment ni pourquoi ces pays accepteraient de sacrifier cet avantage qu’ils ont sur nous et qui est le produit du « grand marché », tel qu’il fut obtenu par l’acte unique. La règle de l’unanimité rend impossible un tel projet. D’ailleurs, les dévaluations auxquelles ces pays se livrent, et qui ont été tout à fait significatives ces dernières semaines, entraînent une nouvelle baisse du coût du travail qui ne correspond à aucune baisse de la productivité, bien au contraire.

C’est alors que mon interlocutrice me coupe la parole pour me dire qu’il était impossible de passer dans son journal une telle réponse. Elle était certes prête à conserver la première partie de mon interview, mais en aucun cas elle ne publierait la seconde, car elle était contradictoire avec la position du PS. Quand je lui fis remarquer que, n’étant pas militant ni sympathisant de ce parti, je pouvais avoir les positions qu’il me plaisait d’avoir ce qu’elle n’était pas sans ignorer au début de l’interview, elle me répondit qu’elle n’était point là pour faire de l’information mais de la communication."
L'interviewé constate : "Le stalinisme n’est pas mort, mais il a migré vers d’autres cieux politiques. C’est bien à un cas exemplaire de ce que j’ai appelé le « liberal-stalinisme » que l’on est confronté." Il note aussi à quel point le respect de l'Union Européenne telle qu'elle existe est chez les dirigeants du PS un dogme qu'on ne peut égratigner. Et cela démontre qu'une parole dénonçant l'évolution anti-sociale que suit l'Union est de plus en plus nécessaire - mais bien difficile à faire entendre -. Le texte complet de la tribune de Jacques Sapir se trouve ici .

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Mots-clef : Jacques Sapir, PS, censure, Union Européenne, Europe, social, délocalisation

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